Le gouvernement Lecornu II, qui a échappé à la censure ce jeudi 16 octobre, a publié le projet de loi de finances pour 2026. Celui-ci prévoit 29 nouveautés fiscales et vise à ramener le déficit public à 4,7 % du PIB, tout en abaissant les dépenses publiques à 56,4 % du PIB. Si les ministères régaliens sont épargnés, d’autres subissent des coupes marquées : -2,3 Md€ pour le Travail, -900 M€ pour le logement, -700 M€ pour l’aide au développement, et -54 % pour le budget de l’économie sociale et solidaire (ESS), ramené à 12,3 M€ (contre 26,7 M€ en 2025).
Dans un communiqué de presse publié le 15 octobre, ESS France dénonce un « assèchement des solidarités » et un désengagement de l’État vis-à-vis de l’ESS. L’organisation alerte sur les conséquences sociales et démocratiques de ces choix budgétaires, estimant que des dizaines de milliers d’emplois sont menacés, dans un contexte où 90 000 postes associatifs pourraient disparaître. Elle souligne également le contraste avec le maintien de certaines dépenses ministérielles, notamment celles allouées aux cabinets de conseil. ESS France met en garde : à quelques semaines du Global Social Economy Forum, qui se tiendra à Bordeaux fin octobre, « la France risque de présenter au monde une ESS affaiblie », bien loin du rôle de pionnière qu’elle a longtemps incarné.
Dans une tribune publiée par Alternatives économiques, Timothée Duverger rappelle que les aides publiques aux entreprises atteignent 211 Md€, dont seules 7 % bénéficient à l’ESS, alors que le secteur représente près de 14 % de l’emploi privé. Il plaide pour une réorientation des soutiens publics vers les structures à impact social, et une véritable stratégie nationale de développement de l’ESS fondée sur l’innovation sociale et la transition écologique.
L’article 8 du PLF vise à « moderniser le dispositif Madelin », mais ne reprend pas les propositions travaillées avec FAIR depuis le début de l’année. Le dispositif serait donc prolongé, mais avec un taux de 18% uniquement. Des amendements ont été diffusés aux parlementaires, afin de remédier à cette omission. FAIR propose pour rappel de prolonger le dispositif pour 5 ans, avec un taux de 30%, un plafond de 30 Millions d’euros, et une limite d’âge à 15 ans.
Par ailleurs, les autres amendements concernant spécifiquement les foncières solidaires ainsi que la mise en place d’une garantie fonds propres pour l’ESS ont été diffusés par la même occasion.